Maison du Coeur-de-Lion
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 [Ian] : Vaches désacralisées

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Kiel
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MessageSujet: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Mer 20 Nov 2019 - 19:09

Haut-Rivage, mois d’octobre. Mais aussi dans la plaine centrale d’Aiglepic, ceignant la Citadelle.

Des champs étriqués, des plaines pentues d’herbe rase, coincées entre barres rocheuses et affluents de la Vive qui se perdent ici et là. Ciel gris noir en plein après-midi, temps d’orage et vent qui redoublait d’intensité au fur et à mesure du passage de l’aiguille. Comme dit le dicton, « pluie en montagne, risque de foudre », il semblerait que les colères célestes allaient s’abattre sur tout le sud-est et tremper l’or des paysans locaux, les troupeaux de bétail. Vaches grises et râblées, chèvres et moutons au pied sûr, des groupes de vingt à une centaine de têtes paissaient sur ces terres impropres aux cultures, même d’été. Fromageries, tisseurs, bouchers et menues tâches, autant de métiers qui tiraient subsistance et force des placides animaux. Ils supportaient une partie de l’alimentation des villes et des camps. Il aurait été impensable à l’époque de la Grande Obscurité, avant l’avènement du duc d’Althain, de posséder des troupeaux aussi fournis. Le Syndicat fauchait avec zèle sa part et ne laissait que les animaux les plus faibles à ses proies. Mais maintenant que l’ordre était restauré, tout du moins assez assuré pour permettre de s’écarter des routes et des postes de garde, les productions allaient bon train et l’on se plaisait à imaginer des lignes d’exportations pour le produit phare d’Alterac, son emmental. Vers Hurlevent ? Vers Kul Tiras ? Vers les nations encore plus lointaines ? C’était en substance les projets qui atterrissaient régulièrement sur le bureau de l’Archonte Havran Strelger dans sa belle demeure du nord de la Ville Basse, la Villa Perlerive. On voulait s’assembler, former comme les forgerons ou les travailleurs du cuir une guilde, mais de fromagers. L’Archonte n’y donnait pas encore suite, occupé qu’il était par d’autres affaires en souffrance, de son clan ou de l’économie alterane. Mais cela ne faisait rien ou presque : cela donnait du travail pour les compagnies de transporteurs ayant fleuri avec l’ascension de la Baronnie d’Arcy et son port de Blanchelonde. On le murmurait, jamais à haute voix, mais la paix imposée par la trêve actuelle avait pour avantage de permettre le commerce apaisé, sans craindre les représailles de la Horde vengeresse de sa défaite infligée en Stromgarde.

Markwin faisait partie de ce groupement d’artisans convaincus que les profits se situaient plus loin que la couronne de montagnes les entourant. Eleveur de père en fils depuis les lointains temps de l’Usurpation, il était un fier fils de Haut-Rivage et arborait comme tous les autres sa bande de fourrure de martre traditionnelle sur son gilet, marquée de points bleus à la peinture. Il vivait seul dans sa ferme, avec soixante vaches. Sa femme et sa fille l’avait quitté il y a deux ans, quand la Légion avait déferlé en Azeroth : elles n’avaient pas survécu à la première vague d’invasion quand les cieux avaient tourné au vert et noir et que les infernaux avaient plu. Markwin, lui, avait eu de la chance. Il appelait ça de la malchance, cependant, d’avoir été voir auprès de l’administration centrale du Clan à Perlerive. A son retour, la ferme était incendiée, les animaux morts ou en fuite. Il lui avait fallu tout son courage et l’aide de quelques lointains voisins et les deniers ducaux pour la reconstruction d’Aiglepic pour rebâtir, presque comme avant. La nouvelle ferme était à une centaine de mètres de la précédente, abritée sous les chênes qui partaient à la conquête des contreforts rocheux de l’échine centrale séparant Aldunholm de Haut-Rivage, au bord d’un étang, dans l’ombre de la Gardienne, l’une des tours antiques d’Aiglepic. Jamais il n’aurait pu reconstruire au même endroit. Les ruines fumaient parfois, sous l’effet du vent froid du nord, les murs étaient effondrés, les poutres et madriers pointaient leurs extrémités brisées vers le ciel. Il avait voulu garder l’ancienne ferme en état et s’était borné à clôturer autour, pour éviter aux vaches de s’y précipiter.

Il n’avait pas trop à se plaindre : les vaches qui lui avaient été attribuées en dédommagement étaient solides et produisaient tant de lait qu’il s’était dit qu’il allait suivre ses voisins et joindre sa voix aux revendications de formation d’une guilde spécialisée. Cela aurait au moins le mérite de le distraire de sa solitude souffreteuse. Alors il était allé, ce jour-là, jusqu’à la Marche-de-Brumenuit ajouter son nom à la liste et acheter quelques fournitures en plus, incluant des blocs de sel gemme pour les bêtes. Sur le chemin du retour, quelque chose le frappa, quelque chose qu’il n’avait plus entendu depuis ce fatidique jour où il avait pu revenir sur sa propriété. Un silence de mort flottait. Pas le moindre son, ni oiseau, ni cloche de vache ou sabot lourd. Il pressa le pas, poussé par un sentiment grandissant de malaise.

Il n’eut que quelques pas de plus à faire, pour arriver dans le premier des enclos pour ses jeunes taureaux. Tous gisaient morts, sur le flanc ou sur le dos. Certains portaient des marques sanglantes sur les épaules et la tête, mais rien qui ne pouvait être mortel. Une nuée de mouches planait autour des carcasses mais ne s’en approchaient pas. Une odeur fétide, à soulever le cœur et les tripes imprégnait la scène alors qu’il traversait le pré et ne comptait que des morts. Dans la ferme à proprement parler, dans les étables qu’il avait bâties et qui abritait les femelles pleines ou avec leurs veaux, le même spectacle d’animaux morts. Autour de l’étang, des jeunes effondrés. Dans les pâtures plus lointaines, également. Il n’avait plus la moindre bête vivante. Plus de lait. Plus de fromage. Plus rien. Comme un spectre, Markwin retraversa sa propriété et d’un pas lent et lourd. Il se jeta dans l’étang et laissa l’eau noire le faire sienne, jusqu’à ce qu’il s’en aille par le Grand Portail où, disait-on en Aiglepic, toutes les âmes passaient sous l’œil attentif de Celui-sur-sa-Montagne. Il n’eut pour témoin qu’une corneille dépenaillée et une silhouette noire contre l’un des chênes marquant la lisière de l’étang à l’ouest.

Ce n’était hélas que le début.
*
**

Un courrier fut adressé au caporal Revys, de la main de Kiel. Il disait ceci :

Citation :
« Caporal,

Je vous demande, au nom de la Maison et d’Aiglepic, de vous rendre à la lisière des terres du Haut-Rivage avec la plaine centrale d’Aiglepic. Une troublante affaire de bétail mort semble avoir mis l’Archonte Strelger dans tous ses états et fait mander n’importe quel spécialiste pour résoudre ce problème. Wakefield étant actuellement dans le Sud, je me tourne vers vous.

Faites route vers la Marche-de-Brumenuit et retrouvez-y le capitaine de la garde Pentheron, d’ici à trois jours. Il vous guidera sur place et vous expliquera plus en détail.

Respects et Honneurs,
Justice et Triomphes,

Kiel d’Althain d’Aiglepic. »

La lettre était doublée par deux autres feuillets, l’une de la main de Kiel attestant de l’envoi de son émissaire, chargé de toutes les autorisations nécessaires, l’autre était une copie de la note envoyée par l’Archonte Strelger, mentionnant la situation suivante : « soixante têtes de bétail retrouvées mortes, le propriétaire suicidé par noyade dans son étang. Les bêtes semblaient malades avant de mourir. »

Le médecin avait le champ libre pour se préparer.
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Ian S.Revys
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Mer 20 Nov 2019 - 22:03

Il était tard quand le messager vint fracasser son poing, par trois fois, contre la planche de bois faisant office de porte de bureau. L’homme était, comme le faisait deviner sa fonction, porteur d’une lettre qui était d’une grande importance à en juger l’air sérieux qu’il portait. Le cachet, celui du Duc, fit lever un sourcil au médecin.
Il mit un instant à caresser les reliefs de la cire avant d’arracher son attache pour lire le contenu de sa missive. Une fois suffit pour inviter le Caporal à se lever, repousser sa chaise et quitter son petit bureau pour rejoindre sa chambre.
La porte à peine fermée, la lettre déposée sur la tablette, il attrapa sa mallette de voyage. Appuyer ses pouces sur les boutons poussoirs suffirent à lui rappeler quelques souvenirs. Et lorsqu’un portrait miniature peint, oublié sur le velours matelassé, apparut, lui aussi, Ian soupira un peu.
Il fit machinalement sa valise avant de se laisser tomber sur une chaise, attrapant le dernier papier à lettre restant dans sa chambre.
On murmure alors qu’on aperçu sa silhouette dans les couloirs puis dans les écuries tandis qu’un messager, au petit matin apportait au Duc une missive qui disait ceci :
Ian S.Revys a écrit:

« Votre Altesse Ducale,

Suite à votre missive, je désirais vous informer de mon départ imminent pour la frontière que nous partageons avec Haut-Rivage. Concernant la relève des soins de nos soldats, je laisse la maintenance à mes apprentis médecins avec pour consigne de toujours informer la Généralissime en cas de choix décisif à prendre.
Pour ce qui est de ma mission, je promets de représenter fièrement vos couleurs et de mettre un terme à ce mystère qui effraie tant l’Archonte.

Merci de la confiance que vous confiez entre mes mains,
Caporal du Régiment Smith, Médecin de l’Armée du Cœur de Lion, Ian S.Revys. »


Au moment où Kiel pouvait lire ces mots, Ian quant-à-lui, découvrait les paysages frontaliers. Engoncé dans un manteau sombre de cuir, sa mallette à la main, il se serait certainement passé du froid hivernal.
Arrivé depuis l’aube à la Marche-de-Brumenuit, il attendait, dos à la caserne, fumant une clope.
Quand le Capitaine de la garde ouvrit la porte de son bâtiment, il n’eut certainement aucun doute. Arrivé plus tôt que prévu, la silhouette de l’envoyé Ducal n’aurait pu se fondre dans le décor. Et lorsque qu’il voulu l’interpeller, le blond regarda par-dessus son épaule, jetant un regard bleu glacé vers lui avant de se tourner avec un sourire en coin. Les yeux du Capitaine se poseront sûrement sur l’ordre de mission ducal que le médecin tenait, vainement.

« J’espère que je ne suis pas là trop tôt, je n’aime pas vraiment remettre les choses à plus tard. »
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Sam 23 Nov 2019 - 12:10

La chevauchée jusqu'à la Marche-de-Brumenuit occupait en général une matinée entière, où le caporal Revys put voir le formidable lever de soleil par-dessus les pics des montagnes des Dagues, l'orbe orange réussissant, comme chaque matin à bondir dans le ciel. Les champs que son cheval longeait étaient vides. Pas le moindre animal en vue, pas de vaches au regard profond, pas de chèvres malignes ni moutons frisés. Peut-être étaient-ils tous déjà rentrés, cachés dans les étables et les écuries ? Une fine bruine s'était mise à tomber par la suite, deux heures après le lever du soleil et nimbait chaque élément du décor de sa chevauchée vers la première grande cité du Haut-Rivage sur la route de Perlerive.

La Marche-de-Brumenuit était plus un gros bourg qu'une véritable ville : pas de rempart épais à l'horizon pour la défendre et elle ne s'étendait que sur une quelques hectares. Toits d'ardoises, murs gris et brun, rien de très réjouissant pour celle que l'on présentait comme l'épicentre des regroupements de fermiers de tout Aiglepic, en attendant d'avoir leurs propres guildes dans la capitale ducale. A la différence de Navarrel et de Perlerive, la Marche n'était pas bâtie sur les berges de la Vive, le grand cours d'eau qui traversait Aiglepic du nord au sud, mais contre les montagnes épaisses de la cordillère entre Haut-Rivage et Arzen. De ce fait, la ville s'étageait sur plusieurs niveaux, suivant les contreforts, les lignes de crête et les surplombs. La demeure de la famille dirigeante de la ville, les Nightingal dominait la cité. Le plan de la cité était somme toute simple, une grand-rue qui serpentait jusqu'à la demeure des dirigeants, entrecoupée de plusieurs petits tronçons perpendiculaires desservant places et placettes. Malgré la pluie, le bourg était animé, aujourd'hui se tenait un marché de tisserands venus de toutes les Provinces et d'au-delà. Ian dut fendre la foule par moment sur son cheval rendu inquiet par la recrudescence de bruits et d'odeurs et trouva sans mal la caserne de la garde locale.

Alexel Pentheron était un quarantenaire aux cheveux noirs impeccablement gominés et à la mise toujours irréprochable. Sous ses airs d'homme à femmes se cachait un travailleur acharné, zélé agent de la Couronne ducale faisant partie des premiers trains d'officiers de garde formés par l'école Valenfleur de Justice dans la Ville Basse. Pentheron voulait mieux que son affectation à la Marche. Pentheron voulait monter en grade et prendre quartiers dans la Ville Basse. Lorsqu'il avait reçu la déposition du messager ayant constaté les massacres de la ferme de Markwin, il avait senti que la gravité des faits justifiait de se tourner directement vers l'Archonte Strelger pour faire venir un agent ducal du prestigieux Régiment Smith. L'homme à la fine moustache et barbe pointue avait alors fait les cent pas dans son bureau étriqué jusqu'à apercevoir enfin celui qui serait à la fois le sauveur de Haut-Rivage et son marche-pied vers la Ville Basse, voulant quitter une Province qu'il abhorrait, lui qui n'avait pas d'allégeance clanique.

Il avait alors bondi ses pieds et s'était précipité pour lui ouvrir, ne prenant qu'une poignée de secondes pour s'assurer de sa mise avant de laisser passage à Ian. Il avisa sa tenue et sa personne, puis les ordres ducaux.

"Vous êtes donc bien l'émissaire du Régiment Smith et de Sa Grâce ? Bien, nous vérifierons vos ordres dans mon bureau. Je vous prierai de me suivre, nous avons du travail."

En montant l'escalier, il se présenta sobrement, sa voix d'alteran était dure mais adoucie par une pointe de miel somme toute bienvenue.

"Capitaine Alexel Pentheron, pour vous servir et vous guider."

En haut, le bureau était vraiment petit, coincé sous les combles. De maigres dossiers commençaient à remplir des étagères derrière le bureau de chêne sali, taché de café et d'encre, de la cendre et des traces de brûlure du tabac brûlé. Peu de lumière passait par les carreaux des combles aujourd'hui. Le capitaine s'installa derrière le bureau et s'affaira à vérifier, à la virgule près, les ordres détachant Ian sur cette affaire. Puis, satisfait de son inspection, il se fendit d'un simple "Affaire sensible, Caporal Revys. L'Archonte ne plaisante pas avec ça."

Il se saisit d'un petit dossier annoté sur la couverture de carton "Markwin. 05.10.39", le faisant glisser vers Ian. Il en fit la lecture pendant qu'il s'y penchait dessus.

"Sire Strelger vous demande de vous pencher sur le cas d'un fermier et de ses têtes de bétail retrouvés morts dans leur propriété située à vingt-cinq kilomètres de la Marche. Ils ont été trouvés il y a quatre jours par un messager qui venait apporter un courrier au propriétaire, Markwin. Lui a été retrouvé flottant dans l'étang derrière sa ferme, noyé. Ses vaches, soixante-cinq en tout, ont toutes été retrouvées là où elles sont mortes, dans les enclos ou dans les stalles. Il n'y avait pas de traces de déplacement des corps lorsque je suis venu sur place avec mes hommes pour sécuriser le périmètre. Des traces différentes de celles du fermier ont été trouvées dans son allée, mais elles ne font que la remonter vers la ferme et la quitter. Pas d'effraction sur la porte, probablement une visite avant le drame. Nous n'avons touché à rien hormis les corps et carcasses : le mort a été brûlé, comme le veut la tradition ici et les vaches de la même façon, sauf deux que nous avons mis sous glace, pour vos recherches.

Nous ignorons de quoi sont mortes ces bêtes mais le fermier, lui, s'est suicidé. Cela ne fait pas de doute. L'Archonte craint qu'il s'agisse d'une nouvelle sournoiserie du Syndicat. Je n'exclue pour ma part aucune piste. Avez-vous des questions ? Que souhaitez-vous faire ?"
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Dim 24 Nov 2019 - 19:04

Arrivé dans le petit bureau sous les combles, Ian ne put s’empêcher d’observer plus précisément son interlocuteur avant de s’asseoir pour recevoir les détails de l’affaire.
Si le ton et les mots employés par le Capitaine ne put que l’alerter de la gravité et l’étrangeté de cette affaire, le blond ne put empêcher son esprit de divaguer.
Il réfléchit pendant un instant, les yeux fixés sur la reliure du dossier. Une idée, depuis le début de l’affaire le tracassait, celle des champs vide lorsqu’il les avait longés plus tôt. L’hiver était glacial, il est vrai, et une bête ne ferait mieux pas de rester dehors par ce temps mais de là que tous les fermiers de la région aient eu l’idée de rentrer leurs bêtes avant le solstice d’hiver semblait un peu curieux.
Le Caporal laissa cette pensée dans un coin de sa tête, tapotant le bureau de ses longs doigts de musicien comme pour se ramener au présent, face au Capitaine Pentheron.
Il lui sourit avant de saisir le dossier présenté devant lui. Prendre connaissance du dossier ne lui prit que peu de temps, même s’il prit quelques notes sur un bloc à part.
Une fois cela terminé, Ian avait pas mal griffonné sur sa feuille. Travailleur, il avait déjà souligné quelques observations, quelques questions.
Une fois son « bachotage » terminé, l’agent Ducal se permit de répondre à l’invitation d’Alexel :

« A ce que je vois, le propriétaire de la ferme s’est suicidé. J’aimerais voir le corps, où qu’il soit. Je suis médecin de Guerre, et malheureusement, légiste quand il le faut. Une fois que j’aurais vu le corps je souhaite me rendre sur ses terres. Je veux inspecter les corps de ses bêtes. S’il y’a une trace de magie ou d’implication du syndicat dans cette affaire j’aimerais me rendre au plus vite sur les lieux avant que les preuves ne disparaissent. Pourriez-vous accéder à ma requête, Capitaine ? »

Il sourit amicalement au brun, se levant de sa chaise en veillant à ne pas se cogner dans l’une des poutres.
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Mar 3 Déc 2019 - 11:55

Pentheron se lissa la moustache. Dehors, la vie de la Marche poursuivait son cours, malgré la pluie devenue orage qui stagnait sur la région : quelques clameurs du marché en cours arrivaient à monter jusqu’aux combles. De sa voix assurée et séduisante, le Capitaine répondit au Caporal.

"Le corps du fermier a déjà été dispersé par le feu et le vent, comme le veut la tradition ici. Comme il n'avait plus de famille, c'est le clan entier qui a participé. Voulez-vous que je fasse convoquer ici les petites mains et la prêtresse qui ont assuré ses derniers sacrements ? Elles sauront répondre à vos questions.

Pour le bétail, il a été gardé là-bas, avec un de mes hommes. Nous aussi nous pensons qu'il s'agit d'un coup du Syndicat mais ... d'une nature totalement différente de d'habitude. Vous aurez tout votre content et votre temps pour faire vos examens, vos analyses et j'en passe. Tercius, mon homme sur place, aura probablement fait quelques observations."
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Mar 28 Jan 2020 - 11:34

(Réponse de Ian)

Ian grimaça en entendant les mots du Capitaine. Lui qui rêvait d’examiner le fameux corps du fermier de voir contraint à y renoncer. Il marqua sur son petit carnet l’information comme quoi le pauvre avait été incinéré et se maudit de ne pas avoir pu venir plus tôt. Néanmoins, il ravala son amertume pour se redresser de sa chaise, déclamant d’une voix toute aussi chaude qu’à son habitude.

"Bien. Je vais aller voir ses fameuses prêtresses. Allons directement jusqu’à elles voulez-vous ? Ensuite une fois qu’elles auront répondues à mes questions j’aimerais examiner les cadavres présents sur la ferme. Votre aide sera la bienvenue."


Dernière édition par Kiel le Ven 31 Jan 2020 - 0:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Mar 28 Jan 2020 - 12:25

Pentheron acquiesça. Voilà qui lui convenait bien mieux. Il se leva, repoussant sur le côté de la main gauche sa chaise et de la droite le dossier, avant d’hésiter pendant une demi-seconde et de le prendre avec lui. En souriant, il pointa l’escalier au Caporal.

« Si je puis vous inviter à redescendre, nous allons traverser la ville jusqu’au sanctuaire. Avec un peu de chance, la prêtresse qui s’est chargée des sacrements de notre défunt ne sera pas en cérémonie. »

L’entrevue n’avait pas duré longtemps et déjà les locaux de la caserne s’étaient remplis, entre les patrouilleurs et les bureaucrates qui valsaient, entre papiers et hallebardes, une agitation qui paraissait normale pour tous. En descendant, Pentheron en salua quelques-uns, la plupart des yeux suivaient Ian du regard, puisque les conscrits du Régiment Smith étaient rares dans les provinces. Dehors, la pluie s’était éloignée vers les contreforts orientaux d’Aiglepic et arrosait généreusement les pics déchiquetés et les collines mornes faisant frontière avec la Province d’Arzen. A cheval, le duo traversa la cité, fendant sans mal la petite foule qui venait faire son marché, venue des quatre coins du Haut-Rivage et d’au-delà. Il régnait une ambiance affairée, malgré l’humidité et le froid descendu des hauteurs, ignorante du drame qui avait frappé le fermier solitaire loin de la Marche. Quatre rues plus loin, après un court passage dans la grand-rue et au pied des murailles ceignant le manoir sur la plus haute ligne de crête de Brumenuit, le sanctuaire religieux de la ville se présenta à eux.

C’était un bâtiment modeste, gris comme le reste, rectangulaire et au parvis à colonnes, soutenant un avant-toit. Au fronton triangulaire, il avait un charme étrange, comme ces temples anciens bâtis par les elfes millénaires, à des milliers de lieues d’ici. C’était autrefois une demeure riche, mais qui avait été alloué aux cultes après la Grande Obscurité, en raison de la mort du dernier héritier de la maison. Ses cheminées avaient été remaniées et ornés de mystiques symboles que l’on devinait empruntés à diverses écoles de pensée ayant cours en Aiglepic. C’était une récente direction qu’avait imposé l’Archonte au seigneur Nightingal : il avait jugé en effet que la Marche-de-Brumenuit s’était trop éloignée du Divin, quel qu’il soit. En attendant d’avoir de vraies infrastructures pour les trois grands courants religieux, tous avaient été rassemblés dans cet ancien manoir, une Prêtresse-Lectrice de la Lumière du Premier-Matin et ses apprentis, un Voyant de la Destinée et des émissaires des Hiérophantes de Tarahim, Aavard, Lahir et Kalhed, dieux majeurs dans la Province. Pour une fois, tout le monde s’entendait bien.

Sous l’avant-toit, quelques petits groupes, des citadins et des claniques occupés à discuter avec les ecclésiastiques locaux, qui pour une bénédiction, qui pour une future naissance, qui pour un conseil philosophique. Pentheron guida Ian jusqu’à l’intérieur, dans le grand hall d’entrée. La pièce avait dû être splendide autrefois, mais aujourd’hui n’était plus qu’un espace nu et austère, chaulé de blanc pour recouvrir les fresques familiales sans rapport avec les divines puissances. Plongé dans la demi-pénombre, on devinait un escalier double au fond, menant à des coursives le long des murs latéraux, menant vers les autres ailes du manoir. Un autel improvisé avait été placé au centre du hall, un bloc de pierre gris-noir régulier, cube parfait sur lequel étaient déposées trois vasques en or discrètement gravées sur le bord intérieur, destinées à accueillir une flamme de bougie. Ces dernières étaient posées sur trois bandes de tissu coloré différentes, correspondant aux canons des trois religions : bleu sombre avec une étoile à cinq branches d’argent pour la Destinée, blanche avec un soleil stylisé évidé doré pour le Premier-Matin, une étrange étoile à neuf branches damasquinée pour le Panthéon divin. Visiblement rompu à l’exercice, le Capitaine enflamma la mèche huilée de la vasque du Panthéon. Immédiatement, les gravures de cette dernière brillèrent de rouge. Il se retourna vers Ian et se fendit d’un brin d’explication.

« C’est comme ça que l’on demande audience ici. Choisissez votre Dieu et offrez-lui une flamme. La prêtresse qui s’est chargée des sacrements de Markwin est vouée à Tarahim. C’était le vœu du Clan de Haut-Rivage. Il nous suffit d’attendre que celle-ci ou l’un des prêtres divins s’approchent de nous … »

L’attente ne dura pas bien longtemps, tout au plus deux minutes. Par chance, c’était bien celle qu’ils cherchaient qui finit par se présenter dans l’escalier, comme surgie des ténèbres des coursives : une femme mûre, vêtue d’une robe grise et d’une longue cape de laine bouclée brute, qui la drapait de toute sa hauteur. Hormis cet indice, peu de choses laissaient penser qu’elle était liée d’une quelconque façon au dieu bélier d’Aiglepic, et n’était qu’une vieille dame aux cheveux gris pailleux. Elle tourna ses yeux bruns vers le duo, soufflant sur la flamme de la vasque. Ses mains, ce faisant, se révélèrent couvertes d’arabesques gris perle, spirales évoquant des cornes enroulées. Sa voix n’était que fermeté.

« Salutations Capitaine, jeune soldat dont j’ignore encore le nom. Vous avez demandé le conseil d’un Lié aux Dieux. Que peut Veria, Liée à Tarahim, pour vous ? »
« Grande Dame, je vais laisser le Caporal Revys, du Régiment Smith, vous exposer sa requête. »
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Ven 31 Jan 2020 - 0:11

(Réponse de Ian)

Le médecin du Régiment Smith descendit les escaliers, observant les petites fourmis de la caserne s’activer sans se douter de l’horreur qu’avait subie ce fermier et son bétail. Le beau blond se permit de croiser le regard de quelques curieux, leur rendant un sourire en coin ou un mouvement de tête. Tout au long du chemin à cheval, Pentheron n’aura pas le bonheur d’entendre la belle voix du Carminois qui se gardait bien de gaspiller sa salive, préférant se plonger dans la contemplation du lieu et dans ses pensées. Ce silence devint presque lourd une fois entré dans le sanctuaire, par souci de respecter le lieu et la religion des habitants de la Marche. Il fut surpris de voir une telle cohabitation entre les différentes branches de la religion prédominante dans cette religion qui lui était encore bien étrangère, lui qui ne croyait en rien. Il gardait cette attitude curieuse et respectueuse tout au long de ses découvertes architecturales et artistiques, admirant les fresques et les objets précieux.

- Très bien, je vous fais confiance. Je suis encore débutant dans le domaine de la religion, murmure-t-il doucement, joignant les mains dans son dos et fixant le plafond du bâtiment en attendant la prêtresse.

- Je me présente, Caporal Ian Revys, envoyé Ducal du Régiment Smith et de la Maison Cœur de Lion. Je suis médecin de profession et j’aimerais parler avec vous du corps que vous avez exhumé il y a peu, celui du fermier.

Le Caporal incline le menton en marque de respect envers la prêtresse. Il lui laisse le temps de se souvenir de l’homme, reprenant :

- J’aimerais savoir si vous avez remarqué quelque chose d’étrange concernant le corps de ce fermier; des marques dues à la magie ou à des coups physiques. Ou même des runes, des tatouages ou toute autre marque qui vous semblent importantes à mentionner.
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MessageSujet: Re: [Ian] : Vaches désacralisées   [Ian] : Vaches désacralisées I_icon20Lun 10 Fév 2020 - 10:14

Veria ferma brièvement les yeux, tandis que ses mains replaçaient la vasque au millimètre près sur l'autel. Sa voix se fit plus basse, autant pour respecter l'ambiance feutré de l'hôtel des autels que pour ne pas troubler le moment d'évoquer un disparu.

"Je me souviens de lui. Malheureux Markwin au destin si allègrement écourté. Lui qui avait si vaillamment combattu les aléas de la Destinée. Mes novices et moi-même avons procédé à ses ultimes rituels, puisqu'il n'avait ni famille ni amis pour le faire. Offrez-lui une prière, alors qu'il traverse la Douat vers la Lumière."

Elle laissa passer un temps, qu'elle mit à profit pour prononcer une petite prière en vieille langue d'Alterac-Est. Pentheron détourna le regard, peu touché. Lorsque ce fut fait, elle reprit.

"Markwin ne portait aucune marque distinctive apposée par un ennemi inconnu. Il avait ses propres tatouages claniques, et aucun n'a été touché, en dehors des désordres que l'eau glacée d'un étang peut faire. Le fermier s'est rendu dans son plan d'eau et s'y est noyé. Quant à savoir s'il y a été poussé ou s'il est suicidé, je l'ignore. Il n'a pas de marques sur les membres qui indiqueraient qu'il a été traîné vif vers l'étang."
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