Une rumeur courrait depuis quelques temps, se propageant comme une trainée de poudre : Le Caporal Revys entraînait les soldats stationnés en Arcy afin de les former aux premiers soins sur le front.
En effet, alternant entre le dispensaire d’Aiglepic et son bureau à Arcy, le médecin de guerre s’était mit en tête qu’il fallait apprendre aux soldats du Cœur-de-Lion les premiers gestes de secours afin de limiter les pertes sur le champ de bataille et ainsi avoir l’avantage sur le Syndicat lors des affrontements. On pourrait croire que cela se limitait aux terres du Baron Vandors mais depuis peu, des affichettes se mirent à florir dans les casernes et dans le village. On pouvait y lire les inscriptions suivantes : « Apprendre à sauver une vie pour gagner la guerre » et « Le dispensaire d’Aiglepic cherchent des volontaires » suivit des horaires des cours organisés par le Caporal en personne.
Et s’il se contenta d’affichettes pour certains régiments, il convoqua cependant le Régiment Smith afin de les prévenir qu’ils seraient également formés. La mission en Norfendre avait marqué le médecin qui ne souhaitait résolument pas revivre la même expérience mais il y avait également quelque chose dans le regard du Duc, une urgence, qui lui fit comprendre le besoin opérationnel de les former. « Formez-en au maximum. » avait intimé le Seigneur au jeune Caporal.
Ainsi, les cours se déroulèrent à Aiglepic au sein même du dispensaire ou sur les terrains montagneux afin d’apprendre à tout à chacun des gestes primordiaux comme :
- Réanimer, arrêter un saignement et cautériser une plaie, déterminer l’état de santé du patient et risques quant à son transport, exécuter un bandage dans différentes situations et replacer les os.
Contrairement à son habitude, le médecin urgentiste prit le temps d’expliquer à ses « élèves » comment évaluer les risques et à parfois savoir reconnaitre les cas où on ne pouvait rien faire. Cette dernière leçon fut pour le trentenaire la plus dure à enseigner et à faire comprendre à certains récalcitrants. Quand bien même, il les emmenait également sur le terrain pour leur apprendre comment transporter les malades. Les cours prirent un temps fou au médecin qui en manquait cruellement, faisant des heures supplémentaires de nuit afin de former un maximum de soldats, il trouva miraculeusement le temps de s’entretenir avec la Généralissime afin de réorganiser les stocks du dispensaire. Que le Caporal s’agite autant n’était pas inhabituel, il ne faisait que ça mais qu’il s’endorme parfois au dispensaire n’était jamais arrivé. – Pourtant, il paraissait que le Duc lui avait fourni une nouvelle chambre dans la Citadelle à l’étage des serviteurs -.
Dans tous les cas, il était certain que le médecin se préparait dans l’éventualité d’une Guerre. Qui sait ?