[Alterac] : Cratère de Percevent

Vaste cratère d’un volcan endormi dont le réveil, en l’an 5, a anéanti toute vie à sa surface. Autrefois siège de la principauté éponyme, Percevent était un riche domaine vivant de ses terres fertiles, jamais recouvertes de neige sauf les plus hauts sommets des crêtes alentours. Personne, jusqu’à la fin, n’aurait songé qu’il s’agissait là  de la gueule d’un géant endormi crachant laves et magma en fusion. La chaleur naturelle du sol qui préservait les cultures était un don de la Lumière et ce don permettait à une riche vie de s’y installer. Au plus fort de son existence, Percevent comptait des milliers d’habitants et de nombreux villages. L’éruption fut brutale et emporta en seulement quelques heures Perleciel, la capitale, puis les domaines et cités alentours. Le dernier Prince y périt, tout comme le duc d’Aiglepic de l’époque, Learon Winterlake, qui venait lui prêter secours, piégé par plusieurs nuées ardentes en Iméron.

Durant trente ans, nulle vie n’y a été observée, en dehors de quelques vautours et animaux de passage. Seules les cités de Serrepointe et Iméron ont survécu à la destruction, mais furent hantées par leurs habitants tués par les cendres. Les Ogres s’en tinrent loin, le Syndicat fit de même, tant les lieux étaient inhospitaliers pour qui que ce soit. Percevent resta le caveau figé d’esprits sans repos dans une Alterac perdue et frappée par le funeste malheur. Personne n’osa s’approcher des caveaux du nord, les Tombeaux des Princes où dormaient les dépouilles des Princes de Percevent. Les seuls bruits qui y étaient entendus étaient le rugissement du vent dans les restes des forêts soufflées par les tempêtes de vent et de cendres, les chutes de mur décrépits et le grondement de plus en plus lent et lointain du magma sous la cendre et le basalte.

Et puis, la Légion se manifesta de nouveau en Azeroth. Les démons cherchèrent à placer des avant-gardes où ils pouvaient pour soumettre le dernier monde au Titan Noir. Percevent fut idéal pour eux, qui fondèrent au centre du Cratère, là où autrefois se dressait Perleciel, leur Bastion du Brise-Guerre. Le feu des profondeurs était parfait pour alimenter leurs machines en énergie, une fois dûment corrompu, autant au Bastion qu’au Site d’Invasion : Terreur. Durant deux années ils s’accrochèrent, ils capturèrent l’un des dieux sauvages de la région, Mysahf, pour la contraindre à servir la Légion, ou au moins mettre son énergie à leur service. Ils manquèrent de réussir leur siège de la Citadelle d’Aiglepic, aidés par le mystérieux Conclave des Cent-Huit puis furent progressivement refoulés hors du duché, malgré leurs efforts pour effectuer des percées. Le Conclave mit les voiles vers d’autres régions intérieures lorsque la Guerre de Percevent éclata, avec l’ost vengeur de la Maison porté par la prophétie de Lahir. Peu à peu, le cratère fut libéré, les démons annihilés et Serrepointe libérée. Cependant, Iméron resta dans son état. Le Bastion du Brise-Guerre lui-même finit par disparaître, détruit lors de la dernière bataille grâce au sacrifice de Mysahf, qui fit exploser son essence vitale pour purger toutes les terres alentours de la présence démoniaque, mobile ou immobile. Là où la déesse périt, un érable a poussé et reverdit la terre tout autour.

De nos jours, Percevent est dans un état assez semblable à la période précédant la venue de la Légion : des terres nues, arides, couvertes de cendres, balayées par le vent et jamais recouvertes de neige. Le ciel y est rarement clément et nombreux sont encore les « squelettes » des arbres à hérisser les pentes du cratère, là où la Légion n’a pas agi. Ses richesses sont anéanties et impossibles à retrouver à court terme, en l’absence de pâturages, de rivières et de bois.

C’est en quelque sorte ces mots qui pourraient servir de première approche à la petite cité, attribués à un illustre général du passé glorieux des Sept Royaumes. Au cœur de Percevent, juchée sur son replat de roche cendrée à l’ouest du Sanctuaire de l’Erable, Serrepointe était autrefois une cité parmi les autres de la principauté, vivant d’élevage et de cultures, avant la catastrophe ayant balayé toute la région. Pendant trente années fief de fantômes sans repos errant entre les murs effondrés et sous les toits enfoncés, elle fut libérée à l’été 38 par les Cœur-de-Lion qui l’utilisèrent comme base de vie pour déployer leurs opérations contre la Légion Ardente. Les fantômes apaisés et les démons vaincus, le destin de Percevent fut alors officiellement lié à celui de la Maison d’Aiglepic, qui en fit conquête par défaut d’héritier.

Cette terre balayée par les vents, nue et aride ne présente que peu d’avantages en apparence pour les forces du duc. Et pourtant, la première ordonnance ducale, qui confie les rênes du Cratère à l’héritier ducal, fait état de la volonté des d’Althain de donner une utilité à ces lieux et de faire de Serrepointe un chef-lieu d’importance.

Les efforts des soldats d’Aiglepic en leur temps ont permis de remonter les maisons et les lieux publics du centre-ville en quelques semaines grâce aux blocs retrouvés, mais aussi à l’extraction de blocs de basalte, roche majeure désormais dans le Cratère, extraits de fosses au nord de la ville. Ce cœur-de-ville est organisé autour d’une place centrale marquée des restes des trois piliers de la justice, traditionnels dans ces contrées du sud-est d’Alterac. Dominant la place, l’Hôtel-de-Ville, bâtisse à deux étages, accueille les activités administratives de Percevent et sert de demeure de fonction pour son Seigneur. Aucune construction de manoir ou de citadelle n’est prévue à ce jour : le jeune héritier semble peu intéressé par l’idée d’occuper une richissime demeure. En revanche, il accorde grand soin à relever les symboles du Cratère, quand bien même ses habitants ont tous péri. En façade de l’Hôtel-de-Ville, des médaillons sculptés arborent avec fierté l’aigle d’Aiglepic, le lion Cœur-de-Lion mais aussi le soleil et la lune imbriqués, ancien blason local. Le centre-ville accueille des habitations à étages traditionnelles d’Alterac et d’autres bâtiments publics comme une halle couverte et une caserne de gardes formés par l’armée régulière. La fontaine centrale crache une eau chaude, étonnante en ces latitudes, mais justifiée par le feu du volcan, jamais bien loin mais heureusement endormi.

A la différence de la Ville Basse, c’est le centre-ville qui suit un plan tortueux, basé sur les anciennes implantations des maisons avant leur destruction. En revanche, les quartiers périphériques n’ont pas résisté et sont rapidement tombés dans l’oubli, ce qui permet au jeune héritier d’appliquer les théories de son père améliorées à sa façon pour leur reconstruction. Ainsi, les allées sont rectilignes, les quartiers bien délimités et segmentés, les croisements aménagés pour accueillir des placettes, des panneaux d’affichage et du décor urbain, pour l’instant absent. L’information des habitants semble être une priorité pour Fingal, dont les équipes de terrassiers venus d’Aiglepic ne comptent pas leurs jours pour construire les maisons de ses futurs sujets.

La volonté du jeune Seigneur est évidente : Serrepointe se doit de devenir le chef-lieu de Percevent sans pouvoir jamais se détacher d’Aiglepic. En effet, ses sols stériles l’empêchent d’accueillir les cultures qui la rendraient autonome alimentairement. De ce fait, le Cratère ne vit qu’au rythme des caravanes apportant vivres et éléments du quotidien encore introuvables sur place. Beaucoup d’espoirs sont fondés sur le Sanctuaire central, où l’herbe et le sol arable semblent progresser imperceptiblement, comme une tache d’huile. Si la bénédiction de Myshaf persiste, de nouvelles cultures et élevage pourraient alors voir de nouveau le jour. En attendant, la halle se contente de vendre des produits importés d’Aiglepic à sa petite centaine de clients, colons enthousiastes venus d’Alterac pour fuir le Syndicat, la Horde ou les ogres, anciens prisonniers de guerre ou criminels cherchant rédemption. Quelques-uns ont entrepris de créer une petite enseigne de forge, d’autres des menuisiers et un autre encore dirige les exploitations de pierre. Ces projets sont vivement encouragés et aidés par le pouvoir local.

L’ensemble de ces savoir-faire et projets encore bouillonnants est mis au service du projet majeur de Percevent, sur les étendues laissées vierges au sud de la ville, là où s’étendaient des forêts autrefois. Sur le site, des architectes et des carriers s’affairent, nettoyant la terre de ses cendres et des restes de souches carbonisées. Le site est vaste, s’étendant sur deux hectares. Tout ne sera pas construit, des jardins sont prévus, mais la finalité du vaste complexe qui se prépare ici est déjà connue et fait la fierté de ceux qui vivent ici. C’est ici que doit naître l’Institut Lac-d’Hiver, en hommage à l’Archonte Renver Winterlake ayant donné sa vie pour la conquête de Percevent : faisant à la fois office d’école d’alchimie, d’ingénierie et de sciences appliquées et de laboratoire de recherche. L’institut se veut futur centre de recherche en matière d’armement et atelier de production de ces armes futures, dans l’optique de reprendre Alterac aux griffes de ses ennemis intérieurs. Les premiers chercheurs et forgerons intéressés sont logés à l’Hôtel-de-Ville et il plane sur l’Institut encore naissant une atmosphère de secret. L’héritier et la Famille ducale en générale sont bien peu communicatifs sur les projets de recherche à venir et sur ce qui sera testé là-dedans. Les rumeurs les plus certaines parlent de l’azérite, mais en absence de source certaine d’approvisionnement, tout ceci reste à l’état de suppositions.

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