[Atheness] : L'ombre dans la glace

La Galerie des Reflets d'Aiglepic est une curiosité magique et historique connue des meilleurs conteurs et savants du duché. C'est en effet la seule construction au sein de la Citadelle qui n'ait pas été détruite totalement ou ruinée lors de la chute d'Alterac. Courant tout le long du mur ouest, la galerie se compose de milliers de miroirs de toutes les natures, tailles, formes styles et même époques différentes. Il y règne une étrange ambiance, dans ces couloirs peu visités d'ordinaire, la lumière naturelle n'y rentre pas, puisque toutes les fenêtres de la Galerie ont été murées et sont couvertes de glaces. Il se dit que la plupart d'entre eux sont magiques, enchantés ou maudits et ne reflètent que rarement le promeneur. On dit également que, à l'instar des yeux qui sont le reflet de l'âme, ces miroirs auraient réussi à capturer la présence, voire des fragments d'âmes, des plus remarquables personnalités à avoir foulé ce couloir. Après tout, une des croyances populaires d'Aiglepic veut que certains objets bien précis arrivent à garder les images rémanentes de ceux les ayant utilisés, avec une mention spéciale pour les fenêtres et les plans d'eau.

Quoi qu'il en soit, la Galerie des Reflets n'est que peu visitée, hormis par les servants, les invités d'Aiglepic et ceux jugés dignes. Ses glaces ne reflètent plus beaucoup de nouvelles choses et de nouveaux êtres. Et pourtant, voici ce qu'ont rapporté deux serviteurs préposés au ménage dans la Citadelle et dans les étages supérieurs.

Le premier, honnête homme de la Ville Basse, sans allégeance clanique, du nom d'Arman s'est aventuré, comme à chaque début de semaine, dans la Galerie pour y effectuer le dépoussiérage des cadres et des glaces. Attendant son collègue pour cette longue salle, qui fait réellement toute la longueur de la Citadelle, il se mit à nettoyer les premiers miroirs, sans prêter attention plus que cela aux reflets qu'il y voyait. Cependant un bruit de verre retentit derrière lui, et sursautant il s'y tourna, pour voir que l'une des rares lanternes dispensant un peu de clarté venait de s'ouvrir, le petit ventail béant dans un souffle de vent impossible pour la Galerie. Voulant la refermer, il sentit une longue ombre se porter sur lui, et des doigts glaciaux lui griffer la nuque. Il prit la fuite après s'être retourné une deuxième fois, abandonnant sur place son matériel et jurant ne plus jamais remonter dans la Galerie seul.

Son collègue, un autre homme sans allégeance, de vingt ans son aîné, Kellam, avait pris un peu de retard dans sa partie et manqua totalement Arman, alors qu'il montait à son tour dans la Galerie. Il constata les seaux, brosses et torchons abandonnés, mais pas seulement. Plusieurs des miroirs étaient ternis, il y régnait une ambiance lourde, comme avant un orage avec une surpression d'air évidente et un bourdonnement caractéristique aux oreilles. Des ombres filaient de glace en glace, mais ce ne fut pas le détail que Kellam nota dans toute sa grandeur. Au contraire, son regard fut attiré par le sol. L'eau du seau avait viré au noir et quelqu'un s'était amusé à tracer des glyphes incompréhensibles, biscornus, faits d'angles et d'yeux en trois colonnes de sept signes. Hypnotisé, le serviteur n'eut la vie sauve, selon ses dires, que grâce ou à cause d'un rire spectral qui lui fit revenir à lui-même et l'arracha à sa funeste contemplation. Il fit comme son prédécesseur, Arman, abandonnant le matériel là où il était pour aller chercher la garde.

Lorsque quatre des soldats chargés de la protection de la Citadelle firent irruption dans la Galerie, ils ne trouvèrent rien, ni présence, ni bourdonnement, pas plus que seaux et brosses. Les miroirs étaient intacts, aucun n'avait terni. Ils inspectèrent sans rien trouver, avant de faire un rapport à leur administration, concernant un "incident de nature inconnue survenue à la Galerie des Reflets".

C'était il y a dix jours. Depuis, on rapporte qu'il y a un peu plus d'activité dans la Galerie. Des bruits étranges s'y font entendre, sans qu'il n'y ait de visiteurs. Les serviteurs refusent désormais de s'y rendre, seuls ou à plusieurs. Ils disent à qui veut l'entendre : la Galerie est hantée.

Kiel n'étant pas homme à se laisser déposséder d'une once de son territoire, et surtout pas à des fantômes, spectres ou revenants enragés, il décida de confier le soin de tirer le mystère au clair à l'une des rares mages du Régiment Smith (voire d'Aiglepic) : Atheness Dacara Baldwin. Ce qu'il dit à la rondelette chronomancienne était tout simple : voyez ce qu'il y a avec cette Galerie et faites moi un rapport détaillé quand vous aurez réglé le problème.

Dans l'entre de la bête (Atheness) Une pièce remplie de livres qui cache la lumière du jour que seules des bougies a la faible lumière arcanique violette, une odeur de renfermer, de poussière, et de chocolat moisi se fait sentir dans cette pièce.
Au milieu de ce bazar ce tien une large silhouette ce tenant la tête sur son bureau griffonnant quelques choses.

Sur les ordres du Duc, elle prit quand même le temps de ce "Décrasser" avant de prendre route vers la citadelle d'un air blasé, comme une envie de rester un peu dans sa crasse et continuer ses travaux.
Marchant un pas lent, regardant si elle est bien seule sur le chemin, Atheness fît tournoyer ses doigts avant de faire apparaître des "compagnons" fictif qui marchaient auprès d'elle ne laissant pas de trace dans la neige comme elle.

Une fois devant la citadelle elle prit sa craie et dessina différents glyphes et autres rune, sur les murs extérieurs tout le long du bâtiment, une fois terminé après quand même quelques heures elle chargeait son bras mécanique de pierre runique "ogre" qu'elle a créé et incantait quelques instants avant de mettre en quarantaine la pièce dit "maudites", d'un dôme violet ne laissant passer que les personnes étant "Autorisées".

Atheness prit un peu de temps à se remettre de cette incantation, après une pause bien mériter elle se remit au travail, elle entre dans la pièce et ce mais a cherché n'importe quelle anomalie magique....

La venue de la Mage était toujours un petit évènement en soi dans les rues de la Ville Basse, tant les arcanistes loyaux se faisaient rares dans cette partie du monde. Quelques curieux la suivirent dans le dédale des rues, d'autres l'observèrent du coin de l'oeil ou sans se gêner, ce jusqu'à ce qu'elle aborde la montée vers la Citadelle. Il ne lui fallut que quelques minutes et l'ordre ducal dûment paraphé pour que les factionnaires du corps de garde menant au siège du pouvoir en Aiglepic la laissent passer et ne soient qu'une simple surveillance, surtout lorsque de sa craie, elle commença à tracer le long des hauts murs de granit gris sombre du bastion.

Certains des factionnaires émirent la possibilité de lui adresser des rafraîchissements, mais un autre, plus sage ou moins généreux, les retinrent. Le duc était adepte de châtiments créatifs, autant ne pas interférer là-dedans. Aussi n'eurent-ils qu'une simple surveillance à effectuer.

Le rituel d'Athéness ne rencontra que peu de résistance magique : la Citadelle n'avait jamais vraiment été enchantée, seuls quelques points noirs apparurent comme résistants, notamment les deux Salons, la salle d'armes ouest, le jardin intérieur et la fameuse Galerie des Reflets. Tout ce qui se trouvait en souterrain ne put s'inclure dans le rituel, rendu hors de portée par la présence impossible dans les profondeurs.

En traversant la Citadelle, la Mage ne croisa pas grand monde à cette heure de la fin d'après-midi, tous étaient occupés aux affaires diplomatiques, de gestion intérieure ou commerciales. Les patrouilles furent ses seuls vis-à-vis et lui indiquèrent comment rallier la Galerie. Il y avait deux gardes en faction devant l'entrée, qui la laissèrent entrer dans la salle enténébrée.

A l'intérieur, il y régnait strictement la même ambiance que pour n'importe quel promeneur égaré. Une sensation de mystère velouté, de curiosité retenue en laisse devant la vitesse galopante de l'imagination, à songer que les ombres et les portraits réfractés à l'infini dans les glaces pourraient se mettre à bouger d'eux-mêmes, par fantaisie ou par l'action d'une quelconque puissance, bénéfique ou maléfique. Sur le plan magique, la pièce émettait un bourdonnement assourdissant, qui n'avait rien d'arcanique. C'était plutôt quelque chose de naturel et ancien, comme laissé à s'accumuler depuis des siècles et des siècles, comme le souvenir capturé dans chaque miroir des centaines de visiteurs de la salle. En s'avançant quelque peu, Athéness pouvait sentir qu'elle était épiée, mais rien à faire, ni se retourner ni regarder du coin de l'oeil ne pouvait confondre l'entité ou l'être qui s'adonnait à ce passe-temps.